Santé publique : une réflexion globale, des actions locales

Les maladies vectorielles tropicales touchent de façon disproportionnée les pays les plus pauvres. Une stratégie de lutte globale et collaborative est donc nécessaire.

 

Le 2 novembre 1698, des colons écossais débarquent sur les côtes de ce qui deviendra plus tard le Panama, transportant avec eux environ un quart des richesses de leur nation avec l’intention de créer une colonie dans le Nouveau monde. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. 

 

Les colons sont rapidement dévastés par le paludisme, une maladie endémique dans cette région, transmise par les moustiques. Le deuxième groupe de colons connaîtra le même destin. Seule une centaine des 2 500 colons ayant débarqué dans cette région survivra et rentrera en Écosse. Le pays connaît alors une banqueroute. Ses rêves d’empire s’effondrent, l’obligeant à demander l’aide financière de l’Angleterre. La couronne anglaise accepte, en échange d’une union politique. C’est ainsi qu’en 1707, les royaumes d’Écosse et d’Angleterre deviennent le Royaume-Uni. Aussi petit soit-il, un moustique peut avoir un impact considérable sur la société. 

 

Les individus peuvent-ils faire front contre une maladie infectieuse capable de changer le cours de l’histoire ? Ou une stratégie de lutte plus collaborative est-elle nécessaire ?

Un fléau qui se joue des frontières

Les maladies vectorielles tropicales négligées, comme le paludisme, ne sont pas présentes dans les gènes d’un individu, ni associées à son mode de vie. Il s’agit de maladies dont les conditions sont enracinées dans la terre même où vivent et travaillent les populations, dans le climat et dans l’interaction entre les différents écosystèmes. 

 

En outre, elles ont un impact de grande envergure sur l’ensemble de la société, et non pas uniquement sur certains individus. À travers le monde, plus de trois milliards de personnes risquent de contracter une maladie tropicale.

 

Le paludisme, par exemple, est une maladie à prédominance rurale. Les moustiques qui la transmettent vivent de trois éléments clés indispensables à l’agriculture : la chaleur, l’eau et les êtres humains. Les 500 millions de petits producteurs qui produisent environ 80 % de la nourriture consommée dans les pays en voie de développement présentent donc un risque accru d’infection. Or, si ces agriculteurs ne peuvent pas cultiver leurs champs et subvenir à leurs besoins, leurs familles, les communautés locales et l’ensemble de la société en sont affectés.

 

Ces enjeux de santé publique constituent des problèmes mondiaux qui ont une incidence sur les populations au niveau local. Il n’existe pas de solution universelle ; chaque cas, chaque environnement, est différent. Les solutions doivent donc être globales, collaboratives et internationales, composées de programmes disponibles dans le monde entier et mis en œuvre au niveau local pour s’adapter à chaque situation.

Qu’est-ce que la santé publique ?

Voici la définition de « santé publique » selon l’Organisation mondiale de la santé : « la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé (...) des individus, par le moyen d’une action collective concertée ». En pratique, il s’agit d’une triple stratégie de prise en charge des maladies infectieuses : prévention des causes, mise à disposition de traitements et sensibilisation au risque. 

 

  • Cette stratégie s’appuie en premier lieu sur la surveillance et le signalement des flambées épidémiques, et sur l’analyse des données destinée à déterminer les causes sous-jacentes. Nous pouvons ensuite utiliser ces données pour contrôler les épidémies et prévenir de futures transmissions. 

  • Il est essentiel de mettre un terme à la propagation de l’infection, non seulement chez les humains, mais aussi, pour les zoonoses, chez les animaux. Pour ce faire, il est nécessaire d’intégrer plusieurs spécialités : la médecine humaine et vétérinaire, pour administrer les vaccins, la mise en œuvre d’interventions de lutte antivectorielle, telles que la pulvérisation à effet rémanent à l’intérieur des habitations ou les moustiquaires, l’éducation et la sensibilisation au risque pour encourager l’adoption de protections personnelles, telles que les insectifuges. 

  • L’accès au diagnostic et au traitement doit être amélioré. Un dépistage systématique permettant une détection de la maladie au stade précoce est essentiel pour s’assurer que les bons médicaments peuvent être fournis suffisamment tôt pour prévenir la propagation de l’infection. 

  • L’implication des populations locales par la sensibilisation à ces maladies et aux risques associés est cruciale. Les programmes éducatifs mis en place dans les écoles et au sein des communautés permettent de modifier les comportements et donc de réduire le risque d’infection ou l’impact d’une flambée épidémique. 

Vers un avenir sans maladies tropicales négligées

Les maladies vectorielles tropicales négligées touchent de manière disproportionnée les nations les plus pauvres du globe. De nombreuses personnes à risque vivent dans des conditions sanitaires déplorables, disposent de systèmes de surveillance médicale peu efficaces et n’ont pas accès à un dépistage précoce de la maladie. 

 

Surmonter ces difficultés suppose une stratégie globale concertée. En 2012, un groupe d’ONG, d’associations caritatives et d’entreprises, parmi lesquelles Bayer, ont signé conjointement la Déclaration de Londres sur les maladies tropicales négligées. L’objectif est de s’unir pour éradiquer, éliminer ou contrôler certaines maladies tropicales négligées d’ici 2020. 

 

Depuis la signature de cette déclaration, plus d’un milliard de personnes dans plus de 130 pays ont reçu un traitement pour au moins une maladie tropicale négligée. Plus d’un million de distributeurs de médicaments, de chirurgiens, d’infirmiers et de fonctionnaires de santé ont été formés aux programmes de prise en charge des maladies tropicales négligées, et l’équivalent de 17 milliards de dollars (américains) de médicaments a été donné par des entreprises du secteur des sciences du vivant. 

 

De même, en avril 2018, des acteurs du secteur agricole ont signé une déclaration intitulée ZERO by 40. Les acteurs de l’industrie s’y engagent à collaborer dans la R&D et la mise à disposition de solutions innovantes de lutte antivectorielle, afin d’éradiquer le paludisme d’ici 2040. 

 

La lutte contre les effets dévastateurs des maladies vectorielles tropicales a fait d’immenses progrès, mais il reste un long chemin à parcourir avant de les éliminer. Il s’agit d’un problème local qui nécessite une solution mondiale.

 

Le monde change et nous devons trouver maintenant des solutions pour préserver notre santé, notre alimentation et notre planète. Parce que mieux vivre, c'est possible !

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