Comprendre la biodiversité pour mieux la préserver

La biodiversité est déterminante pour la vie sur terre. Ces cinq questions nous aideront à la définir et à décrire son rôle, et à comprendre ce que nous devons faire pour la préserver.

 

La prospérité de la biodiversité de la terre est singulière. Sous toutes ses formes, dans toutes les tailles, la vie est omniprésente sur notre planète. Elle pourvoit également à sa subsistance.

 

Comme l’a écrit le biologiste et auteur américain Edward O. Wilson : « Voici la vie dans son ensemble, fruit de 2 milliards d’années d’évolution. Elle est venue à bout des tempêtes pour les inscrire dans ses gènes, et créer le monde qui nous a créé. On lui doit la stabilité du monde. » (La Diversité de la vie, trad. M. Blanc, Paris, Odile Jacob, 1993)

 

Mais qu’est-ce exactement que la biodiversité et en quoi est-elle importante pour nous ?

 

 

1. Qu’est-ce que la biodiversité ?

La Convention sur la diversité biologique de l’ONU définit la biodiversité comme « [la] diversité des organismes vivants de toute origine. » De quel degré de diversité parlons-nous ? Selon le dernier décompte, environ 8,7 millions d’espèces différentes peuplent la terre, des bactéries aux baleines bleues, en passant par les méduses et les séquoias géants. Fait incroyable, sur ces 8,7 millions, les scientifiques estiment qu’environ 86 % des espèces terrestres et 91 % des espèces marines restent inconnues.

 

Bien sûr, du point de vue de l’évolution, il n’y a pas de séparation nette entre une espèce et une autre, et la biodiversité n’est jamais immuable : toute vie change au fil du temps. Tout organisme vivant, qu’il s’agisse d’un scientifique de génie ou de la feuille de laitue qui garnit votre sandwich, peut retracer son arbre généalogique jusqu’à un organisme appelé le dernier ancêtre commun universel (DACU), qui vivait, selon les estimations, il y a environ 4,3 milliards d’années. Cependant, pour des raisons pratiques, nous classons les différentes espèces à l’aide du système de taxonomie biologique conçu en 1735 par Carl Linnaeus, un scientifique suédois. Carl Linnaeus a attribué un nom latin composé de deux termes (nomenclature binominale) à chaque organisme vivant sur terre. En 1758, par exemple, il a donné au moineau domestique commun le nom de Fringilla domestica, des mots latins signifiant « maison » et « pinson ».

 

 

2. Pourquoi la biodiversité est-elle si importante ?

La biodiversité est intrinsèquement connectée dans les différents paysages et les espèces sont interdépendantes. Pour les humains, la biodiversité fournit de nombreux services écosystémiques sous-estimés, des services essentiels à notre bien-être. Les vers de terre, par exemple, participent à la régulation de l’eau et au cycle des nutriments minéraux dans le sol, contribuant à sa fertilité et favorisant la croissance des végétaux.

 

Évidemment, la biodiversité nous offre aussi des denrées comme les aliments ou les médicaments. Le développement des médicaments peut en effet compter sur un large éventail de produits naturels, sans parler des millions de personnes qui utilisent toujours les plantes qu’elles récoltent comme traitements principaux pour se soigner.

 

3. Où trouver la biodiversité ?

La biodiversité est partout, mais certains habitats et écosystèmes accueillent une plus grande variété d’espèces végétales et animales que d’autres. L’une des zones critiques de biodiversité les plus connues est Madagascar, un pays insulaire présentant un taux d’endémisme (espèce propre à une zone géographique) extrêmement élevé. La grande majorité des espèces vivantes présentes sur l’île (notamment les célèbres lémuriens et les baobabs de Grandidier) se sont développées et ont prospéré uniquement sur cette île, isolée du reste du monde.

 

Les autres habitats présentant une immense diversité biologique sont les récifs coralliens, qui n’occupent que 0,1 % de la surface océanique, mais subviennent aux besoins de 25 % de la faune et la flore marines. De même, les forêts humides abritent environ 80 % des espèces recensées, mais ne couvrent que 6 % de la surface terrestre de la planète.

 

4. La biodiversité est-elle menacée ?

De temps à autre, les niveaux de biodiversité chutent de manière spectaculaire, et de nombreuses espèces s’éteignent simultanément. Cinq de ces « extinctions massives » ont jalonné les centaines de millions d’années de notre histoire. L’extinction la plus récente est survenue il y a environ 65 millions d’années, lorsque l’impact d’un astéroïde a anéanti 75 % des espèces présentes sur terre, dont l’intégralité des dinosaures non aviaires (ce qui signifie que les oiseaux modernes sont, d’un point de vue taxonomique, de vrais dinosaures vivants !).

 

Aujourd’hui, les scientifiques craignent que nous nous dirigions vers une sixième extinction massive, durant laquelle les espèces disparaissent à un rythme 1 000 fois plus élevé que le rythme d’extinction normal. Selon un rapport récent de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), la biodiversité continue à diminuer dans toutes les régions du monde, ce qui appelle à des mesures urgentes. Cependant, cette extinction n’est pas due à des catastrophes naturelles, comme ce fut le cas par le passé, mais à l’activité des hommes. La destruction et la fragmentation des habitats par l’expansion urbaine et la surexploitation, ainsi que la prolifération d’espèces envahissantes exogènes (rendue possible par l’essor rapide des voyages, du commerce et des transformations) en sont des facteurs clés. Elles constituent un obstacle sérieux à la préservation de la biodiversité.

 

 

5. La biodiversité peut-elle être accrue ?

Au vu de l’importance des habitats pour la survie, il est impératif d’apprendre à agir pour mieux les préserver et protéger la biodiversité qui les caractérise. Heureusement, nous pouvons tous et toutes agir en ce sens.

 

Les personnes vivant en milieu urbain peuvent fournir de la nourriture, des abris et des lieux de nidification aux insectes et aux oiseaux, en rendant les jardins, les terrasses-jardins et les balcons fleuris plus attractifs pour les animaux. Dans de nombreux parcs urbains, les municipalités plantent des prairies fleuries pour améliorer la biodiversité.

 

À la campagne, l’amélioration des pratiques agricoles peut jouer un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité. Ce principe s’applique tout particulièrement aux zones de culture intensive, où les habitats se font plus rares. Un équilibre doit être trouvé entre les terres agricoles et les terres destinées à la protection de la diversité biologique. Dans ces zones, le renouvellement de l’habitat et des projets d’entretien peuvent jouer un rôle majeur dans l’amélioration de la biodiversité, en contribuant à établir un réseau d’habitat au niveau du paysage. Dans d’autres régions du monde, où les niveaux de production agricole sont faibles, l’amélioration des bonnes pratiques et des nouvelles technologies pourrait éviter de transformer d’autres terres en surfaces agricoles.

 

Les parcs naturels conçus pour protéger la faune et la flore sauvages contribuent aussi au développement de la biodiversité locale. Des efforts ciblés peuvent même inverser la tendance pour les populations en voie de disparition, comme ce fut le cas pour le rhinocéros blanc du Sud. Ces efforts sont de plus en plus souvent accompagnés par des outils numériques et des bases de données. Ces outils peuvent aider les écologistes à déterminer plus précisément l’impact de leurs actions et à définir les cibles de ces actions. Ils peuvent aussi aider d’autres acteurs, comme les agriculteurs, à gérer leurs activités quotidiennes de la manière la plus durable possible.

 

La biodiversité n’est qu’affaire d’interconnexions. Créer des biocorridors au sein des paysages aura un effet positif sur tous les organismes, quelle que soit leur taille.

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Culture Champs : Biodiversité

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Le monde change et nous devons trouver maintenant des solutions pour préserver notre santé, notre alimentation et notre planète. Parce que mieux vivre, c'est possible !

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